La forêt nourricière de la Vallée – Chez Florence

« Le fait que tu me fasses réfléchir à comment je voulais dessiner les choses, ça m’a obligée à rêver, à imaginer.
Quand tu regardes le dessin qu’on a fait et ce qui est, en fait, ça s’est fabriqué avec les rencontres, comme par magie.
Ça s’est mis en place et le rêve a continué. Il continue toujours et c’est ça qui fait que les choses se mettent en place et arrivent. »

Florence vient d’avoir 60 ans. Elle a quitté le bassin d’Arcachon pour la Dordogne, au sud de Sainte-Foix-la-Grande. Elle souhaitait un lieu plus grand. Changer de vie, aussi. Sa profession d’infirmière ne la satisfaisait plus, car il ne correspondait plus vraiment à ses valeurs et surtout à ses envies : avoir les mains dans la terre, planter des arbres, faire pousser à manger. 

C’est ainsi qu’elle atterrit sur 1,5 hectares de prairie, dans une vallée. Une ancienne longère en pierre, dans un petit hameau, rassemble la majeure partie de l’habitat sur place.

Florence dans sa serre pendant l'accompagnement au design en permaculture de son projet d'habitat collectif.

Lorsque l’accompagnement au design en permaculture commence, Florence n’a pas une idée précise de ce qu’elle souhaite développer sur place. Elle fonctionne beaucoup à l’instinct mais réalise que sur une si grande surface, réfléchir à la structure du lieu, à l’organisation des activités est important.

Florence souhaitait dès le départ faire de son lieu un lieu de partage, d’entraide et d’accueil. Un lieu refuge aussi, nourricier. Dans la droite ligne de son travail d’infirmière, elle voulait initialement accueillir des personnes âgées dépendantes pour des vacances – avant que le Covid et les restrictions sanitaires ne changent ses plans.

L’objectif de l’accompagnement Permagenta était donc double : d’une part réfléchir aux options d’activités économiques disponibles pour Florence et comment les intégrer sur le lieu, d’autre part structurer l’ensemble des activités et l’agencement général du lieu.

En 4 jours d’accompagnement au design en permaculture, de belles bases ont été posées.

Florence réussit à formuler clairement ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas – elle ne veut notamment pas que son lieu soit lié à l’argent, et oriente le projet vers le partage, le troc, la gratuité.

L’aire d’accueil des résidentes & résidents en habitat léger, pressentie dans une zone particulière du lieu, a finalement migré sur la partie est du terrain, mettant à profit les accès existants.

Une réflexion de fond a été menée sur l’eau, sa récupération, son acheminement, sa circulation.

La structure de base est posée.

3 ans plus tard, le design a continué à évoluer.

Le bâti a été rénové et accueille désormais la maison de Florence, un studio pour les pèlerines et pèlerins de passage, un autre habité à l’année, des garages et un auvent pour les laves linges partagés.

Une yourte a émergé puis disparu, remplacée par un mobilhome habité par une famille de 2 adultes et 2 enfants, au fond du terrain. Un lieu de rassemblement où des repas sont partagés en profitant de la vue sur le village en face et le coucher de soleil.

Des œuvres d’art monumentales et d’autres plus discrètes ont été installées au fil du temps, qui contribuent à la structuration de l’espace.

Florence a également racheté la ruine de l’autre côté de la route. Retapée, elle ajoute deux pièces supplémentaires, hors de chez elle, pour partager des moments jeux de société et discussion avec les voisins, ambiance cuisinière à bois. Accolée au bâtiment, une zone de gratuité où les gens déposent ce qu’elles et ils ne veulent plus, que d’autres viendront récupérer à leur guise.

C’est le printemps. L’énorme merisier au milieu du jardin est en fleurs. Seules les allées sont tondues (et un carré servant de terrain de jeux aux enfants), le reste tapissé et coloré de fleurs des champs.

Florence a tissé autour d’elle une communauté joyeuse de gens qui interagissent simplement et qui s’étend au-delà du hameau, du village et de la vallée. Et continue de manifester le rêve, au fil des rencontres.

« S’intéresser aux sauvages comestibles, ça aussi c’est quelque chose qui me tient toujours à cœur ; proposer des salades sauvages du jardin. Ça épate tout le monde de voir tout ce qui est comestible dans un jardin, de voir des salades avec des fleurs dedans. »

Comme Florence,

faites de votre lieu une zone d’entraide, de partage et d’accueil !

Lire d'autres histoires de : habitat coopératif projet familial